« Pourquoi Dhol? Tu veux un rencard ? » Je suis surpris par son ton léger qu’il prend avec moi. Etait-ce la lourdeur des pièces dans sa main qui le rendait si
badin ? Je savais que l’argent pouvait changer bien des gens mais pas au point qu’ils passent de sinistre à jovial.
Intéressant. Jusqu’où serait-il prêt à exprimer sa palette d’émotions pour des piécettes ?
« Ecoute, je suis de très bonne humeur, je t’offre une chope. Mais désolé, tu n’es pas vraiment mon style. » Moi-même, je ne le savais pas vraiment mes préférences, depuis le départ du
lâche. J’étais cruellement
perdu. M’enfin, officieusement car aux yeux du Cyvir et de mon aïeul, j’étais déjà prédestiné à
épouser une jeune femme de bonne famille.
Fichue tradition.
Sur le chemin, je distille le sou dans les mains des laissés-pour-compte qui n’ont pas de toit. Non pas que je me soucis de leur détresse. Mais le
paraître ouvre bien des portes. Et à la vue du projet que nous menions. Je me devais de me montrer
altruiste.
Au fond, nous avons ce qu’on mérite, non ?
J’avance de tels propos alors que je suis le premier hypocrite, usurpateur d’une vie opulente, que je mérite grâce à la volonté de mon grand-père. J’étais suffisamment clairvoyant pour savoir qu’aux moindres faux-pas, je pouvais être rapidement éjecter du cercle des vertueux.
Encore quelques minutes de marche et nous arrivons dans l’auberge de la rousse. Divers hochements de tête pour saluer les convives et on s’attable dans un coin sombre.
« Parle-moi de toi Hedrich. Que fais-tu dans la vie déjà ? »