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Là où nous allons quand nous dormons | Arkhane & Ascalon
Ascalon Elcide
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Ascalon ElcidePrecepteur

Lun 13 Jan - 14:36

Question Nocturne


69 Wyrten 348

Adossé contre le mur, le métal de la tête du lit appuyait depuis déjà plus d’une heure contre les muscles du bas de son dos, qui avaient finit par s’engourdir et ne plus parasiter le flux de pensées déjà décousue qui l’obsédait, à grand coup de signaux somatiques. Le sommeil n’était plus une habitude chez lui depuis des années, mais ces derniers mois avaient empirés. Son cerveau était en agitation permanente, quand il ne pensait pas à Arkhane et à tous les plans qu’ils traçaient ensembles sur la comète, c’était Dhol et la crypte qui prenaient le rôle. Et quand il n’y avait pas son amante ou son meilleur ami pour l’obséder, des projets plus sombres accaparaient son attention. Il avait suffit d’un dossier dans le bureau de sa mère pour détruire des années de deuil ayant réussit à le mener à une acceptation plus ou moins sereine de la disparition de son père. Depuis c’était la même chose qui bouffait le cerveau d’Ascalon, cette injustice lui tordant le ventre et lui donnant envie de lancer les meubles à travers la fenêtre. Peut-être n’avait-il pas beaucoup de traits de caractères Worans, mais il n’avait pas non-plus appris à baisser les yeux et à s’écraser comme les Esoèds ou les Sheigs. Devant certaines choses, il ne pouvait détourner les yeux, et surtout, il ne pouvait rester immobile.

Baissant les yeux vers son amante endormie, sa main passa doucement sur ses épaules nues, légèrement teintes de bleus par la lumière nocturne traversant le verre un peu couvert de givre de la fenêtre. Sous ses doigts, il sentait les muscles nourris d’acrobaties rouler doucement. Naturellement, leur nom sonnait dans son esprit, et il était même de plus en plus capable de les visualises sur le corps d’Arkhane. Il en éprouvait aussi lentement le changement, les sentant se raffermir avec le temps. Les deltoïdes de la femme se dessinaient sur ses épaules, et il avait compris pourquoi lorsque, quelques jours plus tôt, il l’avait vu traversé leur chambre en marchant sur les mains, les bras certes tremblants et les joues rougit de sang, mais un sourire de fierté sur les lèvres.  Ascalon aimait cette saltimbanque de femme, et il ne voulait pas le cacher, ni à elle, ni à tout Nodotheim. Mais les choses étaient différentes maintenant. Elle et lui étaient prêts pour un mariage, le problème n’était pas là. Ils en parlaient de plus en plus, ni les remarques acerbes ni les comportements déplacés autour d’eux ne les effrayaient. Le grain de sable dans la machine du bonheur, c’était lui, et ses propres projets qui commençaient à lui échapper. Il devait finir certaines choses avant toute union, et s’assurer que rien ne viendrait menacer Arkhane. Physiquement, il était avec elle chaque soir ou presque, colle à elle en permanence, toujours prêt à la serrer contre lui ou à se glisser entre ses bras. Pourtant sa tête jonglait un peu plus loin avec des tas de pensées. Il avait l’impression de s’éloigner d’elle en n’osant pas lui parler de ses manigances. C’était une dissimulation favorable à eux deux, autant pour protéger la femme qu’il aimait que pour ne pas la faire retomber dans ses propres deuils,  mais une dissimulation quand même. Et avec sa vengeance, il avait l’impression parfois de tromper Arkhane. Au point de vouloir un autre lien avec elle, pour surpasser celui – qu’il savait peu honorable – avec sa revanche.

Un frisson couru le long de sa jambe, et Arkhane marmonna faiblement, se tournant légèrement vers lui. Le ventre de l’acrobate vint appuyer contre sa jambe, lui tirant un sourire attendri. C’était à cela qu’il pensait. Un enfant. Il n’osait pas en parler. Pas légitime. Ce n’était pas lui qui le porterait, ce n’était pas lui qui subirait toutes les complications que connaissaient les grossesses aujourd’hui. Ce n’est pas lui qui serait sûrement obligé d’ingurgiter concoctions sur concoctions dans l’espoir d’un ventre fertile. Parfois des petites allusions lui échappaient. Mais Arkhane ne les comprenait pas ou les ignorait.

Le Woran sourit un peu plus en voyant un iris vert et brumeux de sommeil dardé sur lui, au milieu des mèches rousses qui paraissaient presque brunes sous la lumière. Il se pencha doucement en avant, venant embrasser la tempe en glissant une main dans les cheveux de la femme.

« Je suis désolé, je t’ai réveillé… »

Frottant doucement son nez contre la pommette d’Arkhane, il remonta la couverture sur ses épaules tachetés, les frictionnant en de petits cercles de paumes.

« Tu n’as pas froid ? »
Tahn Celhán

Arkhane Lohengrim
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Arkhane LohengrimVithang

Mer 15 Jan - 22:36


chemise

Elle ne voulait pas s'endormir. Pas si vite. Pas alors qu'il était là. Pas alors qu'ils ne se voyaient qu'une poignée d'heures. Des instants volés à l'éternité, insuffisants. Mais la fatigue la rattrapait. Elle lui lui saisissait les muscles, lui brûlait les yeux. Conséquence d'un travail qu'elle ne cessait jamais, qu'elle surchargeait d'entraînements, de représentations nocturnes. Toute la semaine, la rouquine gardait le rythme. Cuisine avec son père le matin, service le midi avec sa mère, préparation des chambres l'après midi, seule, puis de nouveau service le soir. Un jour sur deux, elle avait permission de minuit, elle confiait le restant de ses tâches à l'orpheline que ses parents embauchaient désormais pour filer à l'autre bout de la Rocheuse où d'autres exercices l'attendaient. Des exercices plus physiques, plus dangereux. Là-bas, Arkhane flirtait avec le vide, à dix mètres du sol elle narguait le néant avide pour subjuguer des gradins nus. Elle revenait ankylosée, épuisée. Souvent, elle s'effondrait sur son lit, toute habillée, et s'endormait aussitôt. Le lendemain, elle devait malgré tout se réveiller aux aurores, c'était l'accord convenu avec son paternel.
D'un jour à un autre, la fatigue s'accumulait, l'enlisait, l'assommait. Jusqu'à l'instant où elle finit par clore les paupières, cacher sous un voile de cils le jade engourdi. Mais elle ne voulait pas dormir, juste étouffer les plaintes de son être malmené, alors elle avait murmuré dans son esprit. Une litanie pour conduire sa conscience aux portes d'un sommeil interdit.
« Juste quelques secondes. Juste quelques secondes ... »
Les premiers instants, ça fonctionna. Une fois le mal évanoui, elle rouvrit les yeux. Puis, au fur et à mesure que cette routine s'installa, elle finit par demander une seconde de plus, puis une autre. Le grain de sable d'un sablier qui bientôt, se mua en tas. Et elle oublia qu'il fallait lever le voile.

C'est le frisson d'Ascalon qui la surprend. C'est un coup de gong dans son esprit brumeux qui lui rappelle qu'elle ne doit pas s'endormir.  
Arkhane ouvre un œil anesthésié. La flamme qui effrayait les ombres s'est éteinte. La cire qui l'alimentait a dû s'appauvrir, à moins que le jeune woran n'ai soufflé la lueur, éteint le soleil. La pénombre l'accueille, des reflets ivoire et acier au travers d'une vitre givrée.
Il doit être tard. Plus tard que ce qu'elle aurait souhaité.

« Je suis désolé, je t’ai réveillé… »

Elle a envie de secouer la tête. Elle le fait, dans son esprit, mais son corps est trop engourdi pour esquisser le moindre mouvement. Il y a sa langue, qui arrive à formuler des mots presque audibles.

« Je ne dormais pas. »

En faveur des ombres, dans le creux de son propre bras, il y a sa lippe qui s'étire. Un sourire discret, endormi.
Menteuse.

L'angle d'un nez frôle sa pommette. Le parfum de son amant lui chatouille les narines, elle a envie de l'avaler tout entier. Pensées alertes dans un corps épuisé, elle parvient néanmoins à rouvrir les deux yeux au prix d'un effort de volonté conséquent. Ils s'attardent sur la chair nue offerte au froid nocturne, sur les ombres qui redessinent les muscles, taillent l'angle d'une mâchoire qu'elle a envie de croquer.
Plus éveillée elle se serait délectée de cette vision.

« Et c'est toi, qui doit avoir froid .. »

Il est tel qu'elle l'a laissé. Nu, du moins c'est ce qu'elle soupçonne sans avoir levé le drap. Abandonné à la morsure de la nuit, il n'y a que ses jambes qui sont épargnées. Son torse, ses bras, ses épaules sont nus depuis qu'elle a fait glisser sur sa peau le fragile tissu immaculé d'une chemise qu'elle jugeait, sur l'instant, un peu trop envahissante.
Arkhane se redresse. Ce constat lui plait guère, de cet homme confronté à la froidure d'une pièce glaciale depuis peut-être des heures. Il fait plus chaud chez lui. Elle préfère lorsqu'ils y sont d'ailleurs, à l'abri des murs du manoir, personne ne les surveille, personne ne les écoute, ni personne ni son père. Et puis c'est plus grand que cette minuscule chambre, plus confortable que ce lit qui grince, que ce vent gelé qui s'infiltre.
Ses deux genoux s'enfoncent dans le matelas, à peine. Elle a saisit la couverture, pour éviter qu'elle ne tombe de ses épaules frileuses, un morceau dans chaque main. L'air s'infiltre toutefois, depuis qu'elle s'est relevée, il vient lui chatouiller le ventre, lui mordre les seins. Elle se rapproche de son compagnon en tirant le drap avec elle, quelques "pas" de genoux jusqu'à l'esthète immobile qu'elle enlace. Ainsi, elle lui offre la réconfort de bras amoureux, la protection d'un bouclier de laine rêche.
Cette position ne lui est pas très agréable. Elle doit se contorsionner un peu pour faire le tour de ses épaules, pouvoir poser sa joue sur son deltoïde. C'est le froid qui accueille sa pommette, son épiderme est glacé.
Arkhane garde la pose, même si ça deviendra désagréable d'ici quelques minutes. Elle aurait du s'asseoir, mais c'est trop tard. Au moins ainsi, il y a la couverture qui le protège.

Une seconde s'égrène, deux, dix. Immobiles. Leur respiration brise le silence. L'épuisement engourdi sa mâchoire, alourdit sa langue, mais un soupçon lui mord les entrailles, lui comprime la poitrine. Elle s'inquiète, alors elle murmure.

« Pourquoi tu ne dors pas .. ? »
Tahn Celhán

Ascalon Elcide
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Ascalon ElcidePrecepteur

Lun 3 Fév - 0:44

Question Nocturne

Elle était mutine. Un mensonge évident sur le bout de la langue, mais même fatiguée, Arkhane devait jouer, le taquiner, jeu de séduction pas encore terminé entre eux, et pourvus qu’il dure. Un sourire étira ses lèvres, creusant dans sa joue des fossettes, ornements faciales taillés à coup de complicité. Car c’est ce qu’ils étaient, avant d’être des amis, avant d’être des amants. Les mots passaient par les yeux, et d’un regard aux sourcils froncés, un seul coin des lèvres relevé, il lui disait autant l’aimer que savoir qu’elle dormait. Ils n’avaient pas besoin de plus, pas besoin d’effluves d’affection et de débordement, couple si basique aux yeux de tous, qui en réalité avait une confiance si inébranlable en lui-même qu’il n’en avait pas besoin de montrer son existence pour être.

La ligne droite et musclée de ses épaules se haussa à sa remarque, une moue doucement indifférente sur les traits, tout son corps et son attention ployés sur son amante. Le renflement d’une carotide redessinée pas l’effort, caressé du bout du nez, l’odeur de peau investissant ses narines, réveillant des réminiscences de désir que quelques heures dans le froid de la chambre mal isolée avaient fait retomber. Tous ces infimes contacts entre eux l’avaient sauvegardé du temps hivernal, du ventre de la saltimbanque contre sa jambe au bras qu’elle avait passé au travers de ses cuisses. Il sourit en la voyant se redresser, tendant un bras vers le petit corps roux qui avançait d’une démarche malhabile, l’enroulant autour de sa taille marquée dés qu’elle fut assez proche. Sous la couverture en laine peu confortable au touché, il sentant la chaleur de son dos passer entre chaque maille du tissu, et la dureté des muscles, son pouce caressant la marque du grand dorsal partant vers le bas de ses reins.

Pourquoi tu ne dors pas ? L’insomnie. Bon prétexte, pour justifier les soirées éveillées, quand c’est l’angoisse qui rongeait le cerveau, plus qu’une raison physiologique. Il aurait pu l’invoquer, une main sur le front et un regard fatigué à Arkhane provocant une inquiétude qui la détournerait de tous soupçons. Mais s’il se refusait à lui parler de tout cela, c’était justement pour ne pas l’inquiéter, et il ne comptait pas le faire avec un autre sujet. Son bras descendit sur ses hanches aux os saillant, et la serrant contre lui à bras-le-corps, cambré en avant pour l’avoir contre son torse, il souleva son poids plume, l’amenant sur ses genoux dans un grincement ridicule de lattes et de ferraille. Son menton trouva sa place entre ses mèches rousses et emmêlés, ses yeux fermés et ses lèvres en sourire apaisés, maintenant que l’acrobate était contre lui, en négatif apaisé de leur étreinte plutôt.

« Je pensais à ce qu’on pourrait faire ensemble, plus tard... »

Mensonge délicat, enrobé de douceur, qui portait le parfum de la vérité. La culpabilité lui pinçait l’abdomen, point de côté tambourinant dans son ventre et semblant psalmodier « menteur ». A son bras toujours autour de sa taille vint s’ajouter un autre, autour de ses épaules, qui la serra un peu plus contre lui, possessif face au destin de plus en plus menaçant.

« Quand tu seras définitivement acrobate, quand tout le monde serait que nous sommes ensembles… »

Le woran avait les mots sur la langue, l’anxiété le rendant plus téméraire. Ils pouvaient toujours en parler. L’idée était en suspend entre eux, comme un spore, depuis trop longtemps. Le ton plus faible, les mots moins articulés. Le courage qui quitte le navire. En même temps que la paire de couille qui lui sera bien utile fasse à un « oui » pensa-t-il.

« Quand on aura une famille peut-être… »

Et puisque quitte à nager dans la panade, mieux valait s’y enfoncer jusqu’au cou, il rajouta :

« Tu voudrais une famille ? »

Tahn Celhán

Arkhane Lohengrim
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Arkhane LohengrimVithang

Jeu 6 Fév - 16:16


obsidienne

Une minute. C'est le temps qu'ils passent immobile, avant que déjà le médecin ne cède au besoin de s'occuper d'elle.
Ses doigts glissent avec langueur le long de sa colonne vertébrale nue, ils descendent sur une dizaine de centimètres puis virent à droite, traversent horizontalement le grand dorsal, débordent sur l'oblique jusque venir se poser sur son bassin. Son pouce s'attarde sur le relief de sa hanche qui perce la chair, l'os saillant qui grignote la chemise de nuit dont sa mère se sert comme échelle de maigreur. Arkhane évite de la lui présenter désormais, depuis une perte drastique de poids voilà quelques années, elle se sait surveillée.
Une pression latérale, possessive. Elle concède à se mouvoir, suit docilement le mouvement qu'imprime Ascalon sur ses muscles pour l'emmener à s'asseoir sur son bassin, se blottir dans ses bras. Position dangereuse, qu'un mouvement des reins pourrait faire chavirer. Elle fait attention à ne rien écraser, pose son oreille contre son pectoral alors que lui même vient poser son chef contre sa chevelure. Un bras passé dans son dos, c'est elle désormais qui inscrit sur son épiderme le délicat de caresses endormies.
C'est mieux, ainsi. Elle se contorsionne moins. Elle dispose même d'un avantage nouveau, une carte qu'elle pourrait jouer si elle a envie de l'embêter. Mais pas tout de suite.

« Je pensais à ce qu’on pourrait faire ensemble, plus tard... Quand tu seras définitivement acrobate, quand tout le monde serait que nous sommes ensembles… »

La jeune serveuse a un mauvais pressentiment. Son envie de jouer s'éteint à mesure que la menace approche. Des mots qui se noient dans la pénombre et sa voix qui s'étouffe. Rauque, basse, traîtresse. Il va emmener un sujet déplaisait.

« Tu voudrais une famille ? »

Par chance, c'est elle qui a l'oreille contre son torse, c'est elle qui peut écouter son cœur quand lui ne peut percevoir que sa respiration. Retenue, brisée par un coup de crocs alors que sa dent joue de son acéré sur sa langue. Mâchoire contractée pour étouffer ses sentiments. Malaise et culpabilité s'animent, ce sont deux loups voraces qui se disputent la chair ardente de son palpitant emballé, ils se battent dans son ventre et ça lui tord les viscères. Dans sa gorge sont coincés des mots que son esprit affolé veut hurler, mais la raison domine encore et c'est un silence qui s'installe alors qu'elle ne prononce pas un mot.

Elle a froid, soudainement. C'est comme si la chaleur du corps d'Ascalon ne suffisait plus à l'enrober, à la protéger. Le refuge de ses bras manque de lui tirer un frisson. Insuffisant. Elle sent les muscles du noble qui se tendent contre son épiderme pigmenté de roux et de brun, sa cage thoracique qui ne soulève plus qu'à peine, lentement, comme s'il retenait son souffle. Et elle le sent, qui attend sa réponse, qui surveille la moindre de ses réactions. Vice de l'artiste qui esquisse sur les pages jaunies d'un livre délavé les courbes capiteuse d'une esoèd abandonnée, ou défaut du médecin, trop observateur, trop protecteur. Qu'importe. Ce sont ses propres épaules qui doivent porter le regard de l'être aimé, supporter la déception qui ternira ses iris ébènes. Le noir peut luire, elle n'aurait pas cru cela possible avant de le rencontrer. Il peut brûler de passion, s'enflammer de désir. Quand Ascalon est heureux, ce sont des étincelles ocre qui s'embrasent dans ses yeux, des paillettes d'or au milieu d'un ciel sans étoiles. Et puis parfois, les paillettes retombent, ce sont des cendres qui viennent voiler son regard, une brume d'un gris foncé qui abîme le précieux obsidienne lorsque la tristesse lui dérobe sa passion.
Arkhane se déteste quand elle est celle qui jette un sceau d'eau froide sur l'ardent d'un foyer brûlant de réconfort. Elle se déteste, à l'instant, de savoir que ses propos vont le décevoir.

Elle a envie de répondre qu'une famille, elle en a déjà une, formidable et irremplaçable. Deux parents qui la chérissent, un frère dévoué, un fiancé fantastique. Mais ce serait une réponse horrible, car elle sous-entendrait des propos horribles, des idées qu'elle ne partage pas.
Elle a envie de dire qu'elle est trop jeune. Mais elle se rappelle qu'à vingt ans, beaucoup de femmes sheig et esoèd ont déjà enfanté, une voire deux fois. Et puis elle se rappelle de leur différence d'âge, conséquente de sept longues années, qui légitimise encore davantage la volonté de son amant de devenir père.
Elle a envie de dire qu'elle a peur. Qu'elle serait une mauvaise mère, une mauvaise femme. Qu'elle n'aurait certainement pas le moindre instinct maternel, qu'elle pourrait bien ne pas l'aimer suffisamment, ce fruit de leur tendresse, le sang de leur sang.
Elle a envie de dire qu'elle ne pourrait pas l'assumer, ce bout de médecin, ce bout de serveuse. Qu'elle ne pourrait pas concilier son travail à l'auberge, sa passion pour la voltige et une grossesse, une éducation.
Elle a envie de dire qu'elle ne souhaite pas tout sacrifier pour un flageolet qui parasitera son utérus pendant neuf mois. Qu'elle doute être capable de tout abandonner sans un regret, qu'elle ne pourra pas se dévouer de la sorte. Qu'elle souhaite rester indépendante.
Et si Ascalon lui demandait de choisir, entre lui et ses responsabilités, que ferait-elle ? Entre lui et sa propre famille ? Cette idée lui traverse l'esprit, lui tire une sueur froide.
Elle en serait incapable.

Arkhane a envie d'en énoncer des dizaines, des arguments pour justifier son mutisme qui perdure. Elle en a une pelletée, des raisons pour s'obstiner à lui dire non. Mais ça va voiler son regard, à cet homme qu'elle chérit, c'est comme si elle le cognait en plein coeur.

La rouquine se redresse. Son oreille quitte le pectoral du woran, elle tourne le menton pour le regarder. Il y a cette mâchoire qui semble avoir été taillée dans la roche, et ces lèvres immobiles. Son regard qui la fixe, et l'obsidienne déjà a cessé de briller, comme une pierre devenue rêche à force de s'éroder. Elle est le fleuve qui l'abîme, le cours d'eau capricieux qui le charrie.
Elle se déteste pour ça aussi.

« Un jour .. peut-être. »

Pas maintenant. Pas bientôt. Un jour quand ses ambitions se seront refroidies, quand elle souhaitera offrir de tout son être, plutôt que concilier les attentes d'autrui et ses propres désirs. Un jour, quand elle se sentira capable de l'assumer, si jamais ce jour arrive.
Sa réponse veut tout aussi bien dire oui que non. Ce n'est pas une promesse, guère plus que la meilleure preuve d’honnêteté dont elle soit capable sans éteindre le feu. Une phrase qui veut rien dire, un moyen naïf de concilier tous les partis, une part d'elle qui espère le convaincre de prendre son mal en patience d'un heureux événement qui n'arrivera peut-être jamais. Qui espère le convaincre avec des mots, alors qu'il sait lire entre les lignes.

Stupide.

Elle aurait du esquiver. Encore. Elle aurait pu éviter de le décevoir.

Tahn Celhán

Ascalon Elcide
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Ascalon ElcidePrecepteur

Mar 7 Avr - 22:22

Es ruego el quererte
Es canto de mudo
Mirada de ciego
Secreto desnudo

N’y avait-il pas réponse plus cruelle pour une question tout aussi cruelle ?
Les battements réguliers d’une pendule quelque part dans l’Auberge, enveloppés de silence, le poignardaient, rendant plus tangible encore l’attente d’une réponse fatidique qu’il connaissait déjà. La sentir s’éloigner légèrement de lui pour le regarder était pire que tout, et il trouvait il ne savait où la force d’affronter son regard sans sourciller, se refusant à la punir, même involontairement ou indirectement, pour se droit fondamental de garder le control de son corps.

Outrepassant les soixante secondes, et finissant de ne pas rendre sa réponse anecdotique, elle parla enfin.
Ascalon aurait préféré un « non ». Il aurait préféré qu’elle ne se sente pas contraire de donner ces espoirs basés sur si peu, puisqu’il n’y aurait aucune conséquence, aucune retombée. Tout entier, il était à elle, et incapable d’arrêter de l’aimer, pour « si peu ». La situation était claire à ses yeux un peu trop lucides, et le quiproquo en train de se tisser lui apparaissait clairement. Arkhane ne voulait pas le blesser, et il ne voulait pas l’écorcher.

Chacun à leur manière, ils tentaient sans cesse de ménager l’autre, et c’est ce qu’ils avaient une énième fois fait. Mais il fallait crever cet aphte, faire une dernière fois saigner la plaie, la nettoyer pour la recoudre. C’était une épine dans le pied de leur couple, entraînant la vision insupportable de leur duo claudiquant.

« D’accord… »

Tout avec un hochement de tête, il vint poser son front contre le sien, fermant les yeux pour se concentrer sur la chaleur de sa peau moucheté, caressant une joue ronde du dos des doigts, le souffle d’Arkhane contre ses lèvres. Frisson longeant sa colonne et étreinte autour des hanches féminines se raffermissant, ses lèvres s’appuyèrent imperceptiblement contre les siennes, un mélange de souffle le faisant un peu plus frémir. Son pouce passa tout doucement sur la mâchoire de la saltimbanque, du menton jusqu’à l’angle osseux sous son oreille, dans un infime bruit de friction de peau. Sa bouche dériva aussi, avec autant de lenteur, suivant presque le même chemin jusqu’à échouer dans son cou, contre la carotide dessinée et constellée. Serrant le corps chéri contre le sien, ses lèvres se mirent tout doucement à l’œuvre, caressant la peau, commençant leur travail d’Eros. Il voulait fuir le sujet, la conversation, mettre le malaise devenu palpable de la pièce à la porte. Et plus que tout, il voulait dire, crier de sa peau, qu’il aimait Arkhane Lohengrim, quoi qu’elle décide.

A la lueur nocturne
Je veux t’aimer  ma femme
Prendre ce que tu me donnes
Rêver ce que tu gardes

Un instant, il réalisa son erreur, soudainement écrasé sous les hypothétiques émotions d’Arkhane : la peur, panique, de la tentative grossière d’un amant vexé, de l’engrosser « par accident ». Ses lèvres quittèrent brusquement son cou, douche froide frappant d’un coup. Sans oser affronter les émeraudes, de peur d’y lire l’inquiétude, il caressa doucement ses épaules et ses bras, tête légèrement inclinée, se voulant rassurant.

« Pardon… C’est pas vraiment le moment… »

Rien à dire de plus, il laissant quelques secondes de silence passer, seulement rythmé par l’expiration bruyante de l’air hors de ses poumons entraînant l’abaissement de son poitrail, cherchant un moyen d’engager une conversation qui avait déjà trop attendu. Ils n’avaient pas les mêmes âges, pas la même éducation, il était inutile de le nier. Et sûrement une vision différente de leur couple, qui tout en étant passionné, n’en restait pas moins jeune.

« … Je crois que… Je vais aller me faire une tisane. Tu en veux une ? »

N’osant pas encore bouger, et lui donner l’impression de l’abandonner, il releva la tête, offrant le sourire le moins vacillant possible à Arkhane, l’ocre tremblante s’accrochant à un émeraude finissant de le renverser. Par les Trois, qu’il aimait ce bout de femme.

En faisant glisser ses paumes le long des bras de son amante, appliquant sur des muscles crispés par le travail autant que par le sujet compliqué, il vint prendre ces minuscules mains, qui en quatre le plié, caressant doucement chaque doigts avant de les enlacer aux siens.




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